Mon monde me manquait tellement. J'aurais tout donné pour y retourner, mais nous étions désormais coincés ici, dans la Forêt Enchantée et si cela convenait à tout le monde, cela ne m'allait toujours pas. Ma voiture me manquait, les douches me manquaient, l'électricité me manquait... « Oh bon sang mes fringues me manquent !!! », soupirais-je entre mes dents alors que j'abandonnais l'idée de parvenir à virer cette robe de princesse toute seule.

Après une lutte acharnée avec Mary-Margaret... Non, non, c'est Blanche-Neige, maintenant. Réellement Blanche-Neige, plus Mary-Margaret..., j'étais parvenue à obtenir le droit de garder mes jeans et mes chemises et Regina m'en avait fournit quelques-unes par dépit, pour avoir la paix, en contrepartie, je devais juste me montrer en vraie princesse pour les affaires officielles. J'avais accepté à contrecœur, trop heureuse de pouvoir obtenir mes affaires « normales » le reste du temps. Même si les robes à corset plaisaient énormément à Killian, je n'étais pas encore disposée à laisser ses instruments de torture entrer dans mon quotidien.

Quelqu'un frappa alors à ma porte et je levais les yeux au ciel, mes mains sur mes hanches. « Dieu, merci ! Voilà quelqu'un ! » Honnêtement, à l'heure actuelle, je me fichais de savoir qui s'était. Même mon père, un garde que je ne connaissais pas ou mon fils. J'avais juste envie de sortir de cette prison de soie et de bijoux. J'ouvris donc la porte avec un grand sourire, qui se figea, avant de se décupler lorsque je constatais que c'était Killian. « Mon sauveur ! », soufflais-je en l'attirant à l'intérieur, lui volant un baiser en claquant la porte. Notre relation était encore naissante et pleins de maladresse, il me fallait souvent réfléchir pour faire un geste qui lui montrait mon affection, parce que je n'étais pas encore à l'aise avec les gestes d'affections. Je me surprenais parfois à lui voler un baiser sans y penser, à toucher ses doigts sans le vouloir, bref, à lui montrer ce que j'avais envie d'avoir avec lui sans avoir à me forcer, sans laisser la peur me dominer... En le laissant juste lui et les sentiments qu'il m'inspirait, me dominer...

Une fois seule avec lui dans la pièce, je lui offris mon dos. « Pitié Killian aide moi à sortir de là », dis-je en regardant par-dessus mon épaule. « Je déteste ses robes. Il me faut trois personnes pour m'aider à m'habiller et au moins une pour me déshabiller. Bon sang Killian, j'ai passé ma vie entière à ne compter que sur moi et aujourd'hui j'ai trente ans et il me faut trois personnes pour m'habiller et je suis incapable de me dévêtir seule. Ce monde est une plaie. »

Je gémissais de frustration, me demandant soudainement si un homme avec une seule main pouvait réellement m'aider à me sortir de cette chose. C'est Killian ! Emma. C'est le Capitaine Crochet ! Oui le Capitaine Crochet ! Le fameux Capitaine Crochet ! Tout à fait doué pour faire d'une seule main des choses qui en nécessitaient deux. Et puis il n'avait jamais fait secret de son passé de coureur de jupons. Il devait avoir une certaine expérience avec les corsets. Même si je n'étais pas certaine d'apprécier l'idée et l'image... Et puis merde, il avait un Crochet. Il pouvait juste... Déchirer tout ça. Ma mère en serait sans doute outrée, mais tant pis, au moins, je serais libre.

Je le sentais sourire dans mon dos, s'amuser de la situation, il adorait ça et je le savais. Il s'en amusait depuis qu'on m'avait poussé à mettre ses foutues robes, arguant des « princesse » à tout va et ne cessant de me rappeler mon sang royal. J'en grimaçais toujours. Je détestais ça. Je n'avais rien d'une princesse. Ni l'aspect, ni les principes, ni le sang. J'étais une foutue orpheline, une fille abandonnée, une fille des rues, une voleuse repentie, une mère, une sauveuse... à la rigueur. Mais pas une princesse.

Killian proposa que je renvoie tous mes « serviteurs », proposant de se charger lui-même de ma torture quasi quotidienne, même s'il précisa qu'il était un plus grand expert en déshabillage qu'en habillage. Je souris malgré moi, mon dos se recouvrant de mille frissons sous la proposition. Oh Killian Jones... Tes avances sont toujours un délice, songeais-je, me frappant mentalement de tant de niaiseries. A quel moment exactement avais-je perdu mes dures années d'expériences pour redevenir cette adolescente pas encore blessée par l'amour et capable de sentir son cœur s'emballer sous les belles paroles d'un "bad guy trop mignon" ?

Véritable expert tenant ses paroles, Killian défit avec aisance les lacets de ma robe, prenant une lenteur que je soupçonnais d'être calculé pour faire durer le plaisir, alors qu'il soulignait que je ne me faisais toujours pas à ma fonction. Je poussais un profond soupir en posant un bras sur ma poitrine afin d'y maintenir la robe qui se détendait de plus en plus sur moi, heureuse de pouvoir ENFIN soupirer. Dieu, je ne pouvais même pas soupirer dans cet accoutrement. « Je ne suis pas une princesse ! Aussi surement que tu n'es pas un prince charmant ! », m'exclamais-je avant de me mordre la lèvre, réalisant l'amalgame que je faisais. Dieu, j'étais en train de lui dire que dans l'ordre des choses, si j'avais été une princesse, il aurait été un prince... mon prince... merde !

J'étais enfin libre et je m'empressais de sortir de cette robe bien trop chère pour moi, restant dans cet infâme sorte de body qu'on m'obligeait à mettre en dessous. Comme si j'avais besoin d'un pantacourt bouffant et d'un débardeur style ''temps anciens'' pour cacher ''ma pudeur'' quand j'avais une robe épaisse robe, par-dessus des jupons. Et encore, j'avais pu éviter la crinoline, au grand damne de celle qui se disait être ma ''dame de chambre''. Le pire étant, bien évidemment, que la tenue que j'arborais maintenant était du genre à faire scandale - parce que j'étais, selon leurs dires ''à moitié nue ainsi'' - si jamais on me surprenait en compagnie de Killian. Bon sang, dans ma vie, j'avais porté bien plus court et en public en prime ! Je n'osais même pas imaginer la réaction que tous ces gens auraient si j'arrivais en jean et crop top dans un bain de foule...

« Il faut que je trouve comment me débarrasser de l'obligation de ''ressembler à une princesse'' pour les affaires familiales », poursuivis-je en filant directement dans mon immense penderie, farfouillant tout au fond de celle-ci pour trouver des vêtements plus... mes vêtements, quoi ! Je trouvais rapidement un jean, tout au fond et hésitait une seconde entre un chemisier qui aurait le mérite de cacher un minimum mes formes et préserver la populace trop ''Forêt Enchantée'' ou un débardeur plus moulant et plus révélateur de ma peau, qui causerait sans nulle doute une guerre civile. « Dieu, j'aurais rêvée d'être la fille d'un terrible pirate ! », grommelais-je en cherchant encore mes bottes et ma veste en cuir, oubliant une seconde que je racontais cela à un pirate, justement. « J'aurais porté un pantalon en cuir, des bottes sexy, un corset à peine serré par-dessus un haut affriolant... Tout aurait été mieux que ses immondes robes de princesse de comptes de fée... »

Je me retournais alors et réalisait que Killian me regardait toujours. Doucement, je levais une main et lui fit signe de se tourner. « Fait au moins semblant de préserver ma foutue pudeur, veux-tu ! Il faut que je me rhabille ! C'est qu'apparemment, je suis nue là, vois-tu ! »

Je n'avais que trop conscience de la situation épineuse dans laquelle je venais moi-même de me fourrer. Si un garde venait me chercher maintenant, nul doute qu'il penserait que le pirate tentait de voler la précieuse vertue de la princesse du royaume... Quelle stupidité. J'étais dans une relation où j'étais le seul frein, ou le vile pirate égoïste attendait mon bon vouloir sans jamais pousser les choses au-delà de ce que je pourrais supporter et pourtant, c'était encore lui qui était le sujet des quolibets. Lui que le peuple accusait d'avoir fait tourner ma tête au point que j'en avais perdu la raison... C'était sans doute vrai. Mais pas parce que j'avais besoin et envie de lui... Enfin si, mais pas comme ça. Le problème n'était pas que ça soit lui que je veuille plutôt qu'un prince ou une connerie du genre. Le problème était que cette envie de lui devenait de plus en plus incontrôlable et que je savais qu'après avoir cédé, il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Ni pour lui - qui ne me permettrait pas de reculer - ni pour moi - parce que dieu, si j'avais toujours plus envie de l'embrasser à chaque baiser, qu'en serait-il quand nous irions jusqu'au « Home run » ? La simple idée me faisait frissonner alors...

Je souris lorsqu'il plaisanta sur le fait qu'il n'était peut-être pas un prince, mais qu'il était assurément charmant. Je ne pouvais le nier, mais il pouvait toujours courir pour que je le lui avoue alors que j'étais à moitié nue devant lui. Puis il continua en disant qu'il me trouverait sexy dans ce genre de tenue, avant de me proposer les vêtements de Milah, qui se trouvaient toujours sur le Jolly Roger. Je me figeais un instant, alors qu'il rappelait que cependant, il n'avait plus son bateau à disposition. Était-il vraiment en train de faire cela ? Parlait-il vraiment aussi facilement de Milah et de donner ses affaires ? Par automatisme, je détournais le sujet qui me perturbait, quémandant qu'il se tourne pour me laisser un peu d'intimité pour me changer, mais il préféra présenter d'autres options, comme celle de rester ainsi pour la journée. Puis il se tourna - parce qu'il faisait toujours ce que je lui demandais - et entama un sujet tout à fait anodin. Ce fut comme une décharge électrique et je lâchais les vêtements que j'avais dans ma main, m'approchant de Killian et venant me placer devant lui. Je posais une main sur son avant bras et plongeait mes yeux dans les siens, lui demandant d'un ton hésitant : « Tu ferais sérieusement ça, Killian... Tu me donnerais les vêtements de Milah, sans hésiter ? »

Le nom du véritable amour de Killian semblait étrange dans ma bouche. Je me sentais comme une étrangère pénétrant un endroit trop intime. Une personne qui n'avait aucunement le droit d'invoquer son nom et son existence. Après tout, Killian n'avait pensé qu'à elle et n'avait agis qu'au nom de sa mémoire pendant trois siècles. Moi je n'avais fait que l'en détourner. Et même si je ne regrettais absolument pas d'avoir permis au pirate d'oublier la vengeance pour se concentrer sur le héros qui était en lui, je l'avais, tout de même, détourné d'elle dans le processus. Et je continuais de le détourner d'elle chaque jour, parce que je n'avais aucune envie qu'il cesse de me regarder ainsi, avec adoration et dévotion. « Killian, je... »


... Ne terminais pas ma phrase, mon corps se collant sans contrôle contre le sien, alors que je me mettais sur la pointe des pieds, enroulant mes bras autour de sa nuque et pressant ma bouche contre la sienne.

Dieu comme j'avais envie d'aller plus loin, vraiment, mais je ne voulais pas brusquer les choses. Pas avec lui. Je ne voulais pas que notre histoire se résume à ce à quoi elles s'étaient résumées jusqu'à présent avec les hommes qui avaient partagés mon lit depuis Neal. Alors, même si je savais que Killian et moi avions déjà quelque-chose de différent et de bien plus profond, j'avais peur que passer à l'étape suivante dans ses conditions, dans le château de mes parents, alors que des gardes risquaient de passer devant ma porte et de nous entendre,... d'en parler à mes parents... Je voulais Killian et je m'accrochais à ses baisers comme à une ancre, mais je ne savais si le moment était bon pour ça.

Le regard triste de Killian ne m'échappa pas. Il souffrait de la perte de Milah et je savais que cette douleur ne passerait jamais. J'avais perdu mon premier amour, aussi et même s'il n'était pas vraiment mort quand je l'avais perdu, je savais d'expérience que c'était une douleur qui ne passait pas avec le temps, ni avec l'entrée d'un nouvel amour dans votre vie. Cela restait une plaie béante, qui ne savait cicatriser, peu importe combien on pouvait retrouver le bonheur ensuite. Aussi, je le regardais sans agir, me mordant la lèvre d'avoir ramené, même sans le vouloir, un sujet douloureux, sur le comptoir. Mais Killian tenta de me rassurer, cependant, m'assurant qu'il me donnerait les vêtements de Milah avec plaisir, que j'appartenais à la famille après tout et qu'il serait toujours mieux que je les porte plutôt que de continuer à les voir prendre la poussière au fond d'une malle.

C'était suffisant pour moi. Suffisant pour faire battre mon cœur plus vite, pour me pousser à me jeter dans ses bras malgré mes réticences à laisser les choses aller plus loin entre nous. Alors que nous approfondissions notre baiser, Killian laissa ses mains glisser le long de mes hanches, de mes cuisses et lorsqu'il me souleva, je m'accrochais un peu plus à son coup, me hissant dans ses bras, mes jambes autour de son corps. Il nous guida jusqu'au lit, sur lequel il me posa, venant au-dessus de moi et ce simple geste, cette position là, me rendit complètement folle, me donna réellement envie de plus. Au diable la bienséance de la princesse. Au diable mes craintes de fille trompée encore et encore. Au diable toutes mes appréhensions. Sa bouche contre la mienne suffisait à faire fuir tout le mal, toute la peur, toute l'insécurité. J'étais dans ses bras, là où je voulais être et ne jamais partir.

Poussant un gémissement incontrôlable, je poussais mon bassin et nous fit tourner, me retrouvant au-dessus de lui, à califourchon sur ses hanches. Brisant le baiser, je me redressais pour le regarder, souriante, les joues rougies par le désir, la chaleur qui prenait vie en nous, la conscience de ce que j'étais en train de faire. Je me mis à rire, enfouissant mon visage dans le cou de Killian, mon corps pressé contre le sien, mes mains sur ses hanches. « Quelqu'un pourrait nous entendre, Killian. Les gens ont tendance à frapper à tout bout de champs à ma porte... »

J'essayais par tous les moyens de me raisonner, de me dire que nous pouvions attendre, qu'il valait mieux que nous attendions, pourtant, j'attrapais de nouveau ses lèvres pour un baiser passionné, je me fondais encore un peu plus dans sa chaleur et je posais une main sur sa poitrine dénudé, là où sa chemise bien trop ouverte pour la bienséance laissait voir son torse de manière totalement sensuelle et désirable. Il me rendait folle et il n'imaginait même pas à quel point. J'avais mis tant d'ardeurs à le lui cacher.

« Je dois... je dois... », tentais-je de dire entre deux baisers. Il fallait que j'empêche au moins cela. Si on devait aller plus loin, il fallait vraiment que j'empêche quiconque de nous déranger. Je ne voulais surtout pas être dérangé. « Je dois fermer cette porte », dis-je en m'arrachant de la bouche de Killian, des bras du pirate, me levant précipitamment pour approcher furieusement la porte d'entrée de ma chambre. D'un geste vif, je mettais le loquet en place, avant de me retourner vers le lit. Une seconde pour prendre le temps d'observer le pirate assis sur mon lit et je me précipitais à nouveau dans ses bras, l'embrassant furieusement, tombant sur le lit, au-dessus de lui, dans la manœuvre.

J'avais l'impression de redevenir une adolescente, incapable de résister à mes pulsions, de lui résister à lui, mais inquiète à l'idée de me faire attraper par papa maman. Je riais une nouvelle fois contre la bouche de l'homme qui faisait battre mon cœur, mes doigts cherchant frénétiquement le contact de sa peau.

Sa peau était le plus doux des délices. Je sentais les picotements de sa barbe toujours naissance sous ma pulpe, le feu du grattement de sa pilosité sur mes lèvres et j'adorais ça. J'avais tellement envie de continuer de le sentir. Parce que c'était Killian, mon Killian et ses baisers me rendaient folle, tout autant que la callosité de ses doigts de marins sur mes bras nus, sur la peau de mon dos. Tout autant que la douceur de la peau de son cou, un délicieux contraste non sans rappeler le contraste même de Killian Jones et de son caractère. Un être aimant, doux et attentionné, qui s'était montré piquant, indomptable et dangereux, pendant tant de décennies...

Je ne voulais pas que cela s'arrête. Je le voulais lui et je le voulais maintenant. En fait, je le désirais depuis longtemps, sans jamais assouvir mon envie de lui. Mais maintenant était venue l'heure de prendre tout ce que je voulais de lui et de lui donner tout de moi en retour. Maintenant était venue de temps de me laisser aller entièrement dans ses bras et d'être enfin totalement et irrévocablement sienne. Je l'étais par le cœur depuis longtemps déjà, sans doute même bien avant que lui et moi ne le réalisions. Mais je n'avais pas encore été sienne par le corps et j'avais bien l'intention d'y remédier au plus vite. Je n'étais pas une princesse de conte de fée. Le mariage avant de consommer ? Très peu pour moi. J'avais bien eu un enfant à dix-huit ans, après tout. Non, j'allais consommer et j'allais consommer consciencieusement.

Alors que je revenais contre lui après avoir fermé la porte, il renversa rapidement nos positions, me faisant me retrouver à nouveau sous lui, mes jambes emmêlé avec les siennes, mes bras accrochés à ses épaules et ma bouche en feu ne quémandant que toujours plus la sienne. Puis tout aussi soudainement, Killian s'écarta un peu de moi, me regardant dans les yeux, dans l'attente d'une véritable réponse. Est-ce que je voulais vraiment ça ? Est-ce que je voulais vraiment ce qui allait découler de cette étreinte ? Comment pouvait-il en douter ? Doucement, je passais une main sur son visage, caressant sa tempe, sa joue, sa mâchoire, le dévorant des yeux, me délectant de son regard azur posé sur moi avec adoration et je souris tendrement, jamais plus sûr depuis longtemps de quelque-chose. « Killian... », appelais-je doucement, continuant ma caresse, une de mes jambes se glissant entre les siennes, tandis que l'autre glissait, possessive, le long de la cuisse du pirate. « Un pirate qui demande avant de prendre, c'est assez amusant », soulignais-je avec un léger rire, cherchant sans doute à évacuer la tension qui avait pris corps en mon sein, avant de redevenir sérieuse. « Comment peux-tu poser cette question ? Comment peux-tu même en douter ? » Mes doigts se crispèrent contre ses épaules. Doutait-il, lui ? « Fais-moi l'amour, pirate », soufflais-je avant de fondre à nouveau sur sa bouche, quémandant avidement ses baisers, sa peau, son corps, trop inquiète à l'idée que lui, vienne à ne plus me désirer. Mon pirate...

Je n'étais pas la parfaite petite princesse de conte de fée. Je n'étais pas du genre à tomber amoureuse au premier regard de mon véritable amour, à le regarder se battre pour m'obtenir sans agir en retour et à attendre le mariage parfait une semaine à peine après la première rencontre pour consommer, vivre heureuse pour toujours et avoir pleins d'enfants vivant heureux pour toujours eux aussi. J'étais Emma Swan, pas la princesse Emma, fille de Blanche-Neige et du Prince Charmant. J'étais l'orpheline qui avait craqué pour un garçon sans famille, assez pour croire ses belles promesses et me retrouver par sa faute en prison et enceinte, à peine majeure. J'étais la garante de caution qui traquait sans cilier les criminels qui violaient leur liberté sous caution et mettait leur prêteur en péril. J'étais la Sauveuse qui avait terriblement besoin de se retrouver parfois, qui avait besoin de se rappeler qu'elle n'était pas juste un personnage de conte de fée, mais belle et bien une fille presque normale qui était soudainement tombé dans un monde de dingue. J'avais besoin de me souvenir que dans mon univers, tout n'était pas dicté par le déroulement parfait d'un conte de fée, mais qu'il pouvait y avoir des dérapages - contrôlés ou non - et des actes indigne d'une princesse et d'une Sauveuse. J'avais besoin de savoir que si ma priorité était de profiter du corps d'un amant que je désirais ardemment, aucun livre, ni aucune malédiction n'était là pour m'en empêcher.

Je voulais Killian et je le voulais maintenant et il me désirait aussi et il n'y avait rien, absolument rien, qui devait nous empêcher de faire l'amour, alors que nous deux le voulions et que rien de grave ne se pressait à notre porte, qui aurait mérité plus d'attention que nous deux ici et maintenant.

Lentement, sans jamais quitter ma bouche, Killian ôta son manteau, avant de me déshabiller pour poser un regard appréciateur sur mon corps. Mes doigts glissaient le long de son corps, appréciant le contact du tissu de sa chemise sous mes doigts, mais empressés de sentir sa peau nue contre la mienne. Je commençais à défaire son veston de cuir et sa chemise alors qu'il s'écartait légèrement de moi pour me regarder, désormais libre d'admirer ma poitrine sans aucune barrière de tissu. Je rougis malgré moi, me mordant la lèvre, quand il assura que j'étais parfaite. Je n'avais jamais été convaincu de cela, encore moins depuis que j'avais donné la vie. J'avais beau avoir été très jeune lorsque cela était arrivé et j'avais beau avoir sauvé une bonne partie de mon corps par les deux mois post-partum que j'avais passé en prison, il restait des marques indélébiles des modifications de mon corps à cette période. Mes seins tombaient légèrement plus qu'ils n'auraient dus à mon âge, quelques vergetures sur mon bas ventre et mes cuisses n'avaient jamais disparues, presque invisible sous certaines lumières, mais clairement visible sous d'autres. J'avais donné mon bébé pour l'adoption après sa naissance, mais sa présence avait toujours été sur moi, les marques mystérieuses pour tout homme n'ayant jamais suivi une grossesse clairement visible pour toute femme conscience des dégâts qu'un bébé laissait sur le corps de sa mère. J'avais tant haïe ses traces pendant onze années, avant qu'Henry n'entre dans ma vie. Aujourd'hui, je les appréciais, parce qu'elles étaient la preuve flagrante que mon fils était la chair de ma chair... cela n'empêchait que pour ma première fois avec lui, j'étais un peu mal à l'aise qu'il constate les différences. Qu'il puisse comparer mon corps avec celui d'une autre femme de mon âge sans enfant et qu'il réalise les différences. C'était stupide, mais féminin, après tout, non ?

Secouant l'idée de mes pensées, je me ré-attaquais à sa chemise, me mordant la lèvre, soudainement un peu inquiète de ce que j'allais trouver sous le vêtement. Allait-il se révéler emplie de cicatrice ? Il avait un long passé de pirate, d'allier et d'ennemis de Peter Pan. Son corps pouvait être miraculeusement intact de bien des marques ou couverts de cicatrice de la tête aux pieds et j'appréhendais un peu l'une et l'autre des options. Il avait tant souffert durant ses trois siècles d'existences. J'avais si peur d'être la responsables de certaines de ses cicatrices. J'avais peur de le découvrir, mais j'avais hâte aussi. Tellement hâte. Je voulais son corps tout entier. Je voulais lui montrer tous les sentiments que j'avais pour lui et que je ne savais dire avec les mots.

« Killian... », gémis-je en fondant sur sa bouche, faisant glisser la chemise du pirate le long de son corps avant de la jeter au loin, profitant enfin pleinement de la découverte de son buste à un point jusqu'alors inégalé. Je sentais son désir contre mes cuisses, encore prisonnier du pantalon de cuir qui le caractérisait tant et cela ne faisait qu'augmenter mon propre empressement.

Killian Jones était un véritable amour de pirate, ça je le savais, du plus profond de mon cœur, parce qu'il me l'avait prouvé un million de fois. Des milliers de fois plus que ce que je n'avais demandé, que ce que je n'avais eu besoin. Il avait fait le choix complètement fou de lier sa vie à la mienne et je n'avais confiance en personne, plus que je n'avais confiance en lui. Pour ma vie. Pour mon corps. Pour mon cœur aussi...

Et pour une fois, j'étais persuadée, du plus profond de mon être, que je pouvais laisser cette confiance irradier dans tout mon corps. J'avais fait confiance par le passé et cela ne m'avait jamais réussi. Les familles d'accueils que j'avais accepté de croire, Lily, Neal,... Tous m'avaient menti. Tous m'avaient promis un avenir heureux, avant de me briser le cœur de la pire des manières. Mais pas Killian. Si j'avais toujours eu un doute, une petite voix au tréfonds de mon subconscient, qui me criait de faire attention et que j'avais soigneusement étouffé, trop désireuse de trouver le bonheur, c'était tout l'inverse avec Killian. C'était ma conscience qui l'avait repoussé. Qui avait forcé la petite voix à s'exprimer, arguant par la raison que je ne pouvais pas lui faire confiance, pas à lui le pirate, pas alors que tous, même les plus honnêtes, m'avaient menti avant lui. Et c'était lui qui m'avait montré encore et encore que cette voix n'avait aucune raison de s'exprimer.

Je savais qu'il m'aimait et je savais combien Killian Jones était irréprochables avec les gens qu'il aimait. Il avait patienté trois siècles pour venger son véritable amour, après tout. Quelle preuve de plus était suffisante ? Je savais qu'il m'aimait et je savais que mes sentiments étaient au moins aussi profonds. Il avait réussi au-delà de ses espérances. Il m'avait toute entière. Mais ça, je n'étais pas encore capable de le lui dire. J'avais encore trop de mal à exprimer mes sentiments et puis je n'avais jamais été doué avec les mots. J'étais une femme d'action. J'avais beaucoup plus de facilité à lui exprimer mes sentiments par les gestes que par les mots et en me donnant ainsi à lui, aujourd'hui, je lui réitérais tout ce que ma bouche ne savait dire correctement.

Comme j'avais eu peur de le découvrir, sa peau fut rugueuse sous mes doigts, couvertes de centaines de cicatrices, grosses ou fines, visibles ou invisibles, traces d'un passé tumultueux avec lequel lui-même semblait complètement en accord. Doucement, j'embrassais ses épaules, ses biceps, caressant de mes lèvres chacune des marques sur sa chair. Et il finit par me mettre complètement à nue à sa vue, s'extasiant devant mon corps dévoilé, m'arrachant un rougissement furieux, alors que je me mordais la lèvre, serrant le pincement quand celles du pirate descendirent le long de mon corps, jusqu'à mon bas ventre, sa main caressant malicieusement les alentours de cette part inférieure de moi qui le réclamait à corps et à cri. « Killian », gémis-je en m'agrippant à ses épaules, glissant une main dans ses cheveux bruns pour saisir son cuir chevelu. « S'il-te-plait... »

Je voulais faire les choses bien, mais j'avais tellement envie de lui, que je ne voulais pas attendre. J'avais trop besoin de le sentir contre moi, en moi. Je voulais m'unir à lui et m'unir au plus vite. Les jeux séducteurs viendraient plus tard. Là, j'avais trop de temps d'attente à assouvir. Je le désirais depuis si longtemps et je n'en pouvais plus d'attendre.

Je ne pouvais m'empêcher de revoir notre histoire depuis le début. Le premier regard - faussement apeuré - que m'avait lancé celui qui se faisait passer pour un forgeron ayant réussi par la lâcheté à se sauver de Cora. Le pirate qui avouait sa défaite devant mon super pouvoir, alors qu'il était attaché à un arbre, à entendre les pas de l'ogre que j'avais sifflé au loin. Le Capitaine Crochet, orgueilleux et trop confiant de son sex-appeal, qui n'avait fait que sous-entendu après sous-entendus le long du haricot que nous montions ensemble, l'homme assoiffé de vengeance que j'avais tenté de convaincre de suivre une autre voix à Storybrooke, le capitaine de navire qui avait proposé son domaine pour nous conduire et sauver mon fils, le pirate repenti qui avait décidé d'abandonner la traque de son navire, sa maison, pour moi... Killian Jones... L'homme qui avait tourné le dos à tout ce qui avait fait sa vie ses trois cents dernières années pour simplement me rendre heureuse. Nous avions parcouru un tel chemin que cela me semblait parfois irréel. Comme si nous avions traversé trois vies entières avant de nous trouver. Il en avait eu de la patience et de la volonté pour me gagner et il semblait qu'il ait eu raison. Parce qu'il avait désormais mon cœur et que je savais qu'il ne serait jamais entre de meilleures mains qu'entre celles du pirate le plus machiavélique du Pays Imaginaire.

Cela ne m'empêchait pas, pourtant, d'être aussi nerveuse que pour ma première fois... Peut-être même plus. J'avais donné mon corps la première fois pour me débarrasser du fardeau de ce « grand moment » plus que par réelle envie. Ma première fois avec une personne qui avait vraiment compté, avec Neal, avait été une suite logique, une progression qui n'attendait aucune faille, qui suite logique dans une relation d'adolescents insouciants qui se pensaient adultes parce que se débrouillant depuis des années. J'étais sous le charme, mais pas encore tout à fait amoureuse et comme à chaque fois, je n'avais pas eu l'appréhension tant attendue, le souffle écourté par l'anticipation, le sentiment que ce qui allait suivre allait être le début de quelque-chose d'intense et profond. Tout m'étais toujours tombé dessus sans que cela ne compte comme cela comptait maintenant. Faire l'amour avec Killian, n'était pas seulement l'assouvissement d'un besoin ou d'une envie. C'était un grand acte de foi et d'amour, la preuve ultime de tout l'amour donné sans concession. La preuve par les actes des sentiments que j'avais pour lui. Et pour la première fois depuis longtemps, je sentais le souffle court de l'anticipation, la conscience que cela allait être le début de quelque-chose d'immensément important. Et j'avais trop hâte pour attendre qu'il se décide à prendre possession de mon corps.

Rapidement, le pirate retira son pantalon et s'est avec envie que je me mordis la lèvre en ayant enfin accès à cette partie de lui qu'il m'avait si souvent vanté sans jamais prouver ses dires. Je ris légèrement en rougissant, enfouissant mon visage dans son torse pour le cacher. J'embrassais doucement son torse, avant qu'il ne capture à nouveau mes lèvres, resserrant sa prise contre mes doigts. Je m'accrochais à lui comme à un précieux trésor quand je sentis son désir prendre possession du seul espace où je le voulais. Quand il nous poussa à l'union complète. Mon regard plongé dans le siens, je mouvais mon bassin contre le sien, la respiration hachée, le plaisir prenant peu à peu possession de mon corps tout entier, alors que tous mes sens se focalisaient sur lui, sur son regard, l'odeur de rhum, de sel et de mer de sa peau, le goût de sa langue, le doux son de ses râles de plaisir, la douce rugosité de sa peau, de sa pilosité sous mes doigts, de son intimité dans mon antre. Il n'y avait plus que lui dans l'univers. Lui et moi et notre union si parfaite, si maladroite et pourtant fiévreuse, désireuse, intense... Lui, moi et toutes ses preuves d'amour...

Je le sentais. De manière plus que claire, de par ses gestes, de par ses soupirs... Je le sentais dans mes tripes. Ce désir insensé et inconditionnel qu'il avait pour moi. Cette envie féroce de faire partie de ma vie, d'être quelqu'un d'exceptionnel dans mon existence. Cette envie incompréhensible d'être à cette place si particulière dans mon cœur. Il me voulait corps et âme, avec toutes mes fêlures, tous mes vices. Il m'aimait vraiment et il voulait tout ce qui était en train de se passer entre nous avec une ardeur sans nom. Killian Jones, l'homme qui m'aimait comme aucun autre n'en était capable. Qu'avais-je fais de si merveilleux au cours de ma laborieuse existence pour avoir droit à un tel homme ?

Sa peau sur ma peau, son corps contre moi... en moi... A mesure que ses étreintes expertes se faisaient plus intenses, plus rapides, plus profonde, je sentis peu à peu le monde s'effacer autour de moi. Bientôt, tout ne fut plus que plaisir et chaleur. La sienne, la mienne, celle que nous pouvions créer à deux. Ma peau s'enflammait littéralement sous la pulpe de ses doigts, me faisait m'activer contre lui pour en sentir toujours plus, pour l'enflammer lui aussi, comme il m'enflammait. Hanche contre hanche, cuisse contre cuisse, ventre contre ventre, je suivais sa danse, tentais d'imposer la mienne, dans l'unique recherche de ses râles de plaisirs, dans l'unique recherche de la passion débordante dans ses yeux. Il m'emmenait sur le chemin du plaisir et de la luxure avec une facilité débordante, comme s'il était un expert en la matière, comme s'il pouvait, en un geste, me mener au bord du précipice, mais qu'il faisait délibérément durer le plaisir pour m'incendier complètement avant que je n'atteigne le nirvana suprême et tout ce que je savais, tout ce que j'étais en capacité de réfléchir, était que je voulais suivre ce chemin en sa compagnie. Je ne voulais pas m'évanouir seule dans les brumes de l'extase. Je voulais qu'il m'y conduise et y prenne sa part.

J'appelais son nom dans les dernières bribes de consciences que j'avais, l'implorant sans pouvoir dire les mots de me suivre dans l'ascension au niveau suprême, suppliant de mes doigts sur sa peau qu'il m'accompagne dans l'extase, alors que je m'enfonçais dans les sensations sans savoir si j'aurais la force d'être assez discrète. Ça n'était pas juste l'étreinte. Ça n'était pas juste le plaisir physique d'une femme par un homme qui savait manier les choses pour la mener à l'orgasme. C'était lui, Killian. J'avais si souvent désiré son corps, sans même m'en rendre compte. Si longuement attendu ce moment où nous pourrions assouvir cette envie l'un de l'autre... J'avais tellement attendu et désirer ce moment, que le simple fait de le vivre, de plonger mon regard dans le sien alors que nous faisions l'amour, suffisait à m'emmener sur les rives du plaisir comme ça n'avait été que rarement le cas par le passé. Ça n'était pas une relation sexuelle comme j'en avais eu tant d'autres, sans importances, dans mon ancienne vie. C'était Killian. Killian et moi. Et cela signifiait énormément. C'était le début d'un tout autre nous...

C'était le bon moment. Qu'importe ce que pouvait en penser les autres. C'était le bon moment de se donner corps et âme à Killian. Je l'avais désiré bien avant de m'en rendre compte moi-même, mais ma dernière volonté aurait été une première fois bâclée, venue sous l'empressement et dénuée de tous sentiments. Ça aurait pu être après un repas romantique, une soirée pleine de tendresse... ou ça pouvait être maintenant. C'était ce que je voulais et dans ses bras, là, à ce moment, je savais que c'était le bon moment. Qu'il n'y en aurait pas eu de meilleur. Lui, moi, rien que nous, enfin seuls depuis des semaines, dans ma propre chambre, un endroit en toute intimité.

Killian était absolument parfait, même s'il faudrait me torturer pour le lui avouer et voir l'autosatisfaction sur son visage. Il avait été parfait dans la constance de sa présence, parfait dans chacune des promesses qu'il m'avait faite, parfait dans ses gestes, dans sa douceur, dans sa patience et là, dans l'étreinte, il était tout aussi parfait, prenant son plaisir autant qu'il prenait soin de m'en donner, fusionnant avec moi comme si son unique rêve n'était pas qu'une simple étreinte, mais une communion aux accents magiques. Il me voulait, mais pas que pour lui. Il me voulait tout contre lui, que nous ne formions qu'un. Une seule et même entité réunie par les sentiments profonds et intenses qui nous habitaient. Il m'aimait et je ne le sentais que trop dans toutes ses attentions...

Le summum du plaisir fut atteint quasiment en même temps et je fermais un instant les yeux pour chasser les larmes de bonheurs qui menaçaient de me submerger, étouffant mon gémissement de plaisir contre ses lèvres en me tendant de tout mon corps, de la racine des cheveux au bout de mes orteils. Je rouvris vite les yeux sous son regard brûlant que je sentais au travers de mes paupières, heureuses d'avoir juste l'air pleinement satisfaite. Heureuse qu'aucune larme ne coulent. Je n'aurais pas voulu qu'il pense m'avoir fait du mal. Je voulais qu'il ne voit que combien il me faisait du bien, combien il me comblait et mes yeux brillants d'amours, même bordés de larmes, ne pouvaient que tendre en ce sens, non ?

Tendrement, Killian m'embrassa et j'y répondis mollement, épuisée, mais toujours désireuse de lui, souriant quand il caressa ma joue, sentant une sorte de vide lorsqu'il quitta notre étreinte, rapidement apaisé par la proximité de nos corps. Je ris à sa réplique sur le fait qu'il m'aurait sauvé plus tôt des vêtements de princesse s'il avait su en obtenir une telle récompense et je posais à nouveau mes lèvres contre lui avant de m'allonger tout contre lui, posant ma tête sur son torse. « Merci encore pour cela, d'ailleurs... », soufflais-je en frôlant son ventre du bout des doigts. Il m'avait sauvé d'une telle torture. Il me sauvait toujours de mille choses, sans même s'en rendre compte...

Relevant la tête vers lui, je posais mon menton sur son torse pour le regarder. Je n'arrêtais pas de penser à ce jour-là, dans la forêt. Ce jour qui avait été le début de tout, le début de nous. Parce que j'avais repoussé ses attentions et qu'il avait décidé de partir en quête de son navire sans se retourner, si je ne voulais pas de lui auprès de moi. J'étais à peu près certaine qu'il n'avait pas vraiment pensé à le faire, qu'il ne l'avait dit que pour me bousculer, mais qu'importe, j'avais totalement craqué, j'avais fondu dans ses bras et l'avait presque supplié de rester auprès de moi, de ne pas m'abandonner. Et ça avait été le début de la relation qui nous avait conduis dans ce lit, aujourd'hui. Je posais ma main au niveau de son cœur, en sentant les battements sous mes doigts. J'avais envie de lui dire tant de choses, mais je sentais les mots se bloquer dans ma gorge. Tous les milles merci du monde, tous les "je t'aime" qui m'avaient si longtemps été étrangers, tous les "ne me quitte jamais" d'une orpheline en mal d'amour,... J'aurais pu dire mille choses, mais rien ne me semblait digne de briser la quiétude du moment, hormis les mots que je n'arrivais même pas encore à penser en association avec le nom de Killian Jones dans mon esprit, comme si j'avais trop peur qu'il les lise dans ma tête et découvre combien il détenait mon coeur et mon esprit entre mes doigts.

Je n'arrivais plus à m'arrêter de sourire, Killian me promettant - encore une fois - qu'il serait toujours là pour me sortir de situations dangereuses, alors que j'étais dans ses bras, contre son corps chaud, entièrement nu, les pulsations de son cœur tambourinant en une douce musique apaisante contre la paume de ma main. Je me mis à rougir lorsqu'il ajouta que j'étais belle quand j'étais heureuse et cachait un instant mon visage, si facilement lisible par lui, contre son torse. Je poussais un soupir, mi-heureuse, mi-mortifiée, avant de poser un baiser sur sa peau et de reprendre ma position initiale pour le regarder. « Je dois avouer que tu n'es pas mal non plus après... ce qu'on vient de faire », soufflais-je doucement.

En fait, il était bien plus que mal mal. Il était magnifique, sexy et terriblement attirant. Ses cheveux en bataille, ses yeux pétillants du plaisir reçu plus tôt, sa bouche rougit par nos baisers, sa peau chaude, encore frissonnante et recouverte d'une fine pellicule de sueur rendue par l'effort de l'ébat... Tout en lui sentait le sexe et le rendait tellement désirable... Déjà qu'il était difficile de lui résister en tant normal, mais là...

Je me sentis rougir à nouveau et me mordit la lèvre inférieure. Dieu, ce gars aura ma peau. Et je le voulais... Je voulais tellement qu'il me tienne et ne me laisse jamais plus partir. J'avais été stupide de ne pas lui faire confiance plus tôt. Stupide d'avoir peur, encore et encore, qu'il ne soit pas différent des autres gars qui avaient tenté de me séduire, alors même que la première idée que j'avais toujours eu à son propos était qu'il était différent de tous les autres pirates, de tous les autres traitres et de tous les autres vilains que j'avais pu rencontrer. Il m'avait tellement souvent prouvé qu'il était différent de tous les autres. Alors, quand il me disait qu'il n'avait aucune intention de me laisser partir, je ne voulais que croire qu'il était différent aussi et que lui, contrairement à tous les autres, allait toujours tenir sa promesse. M'enfonçant un peu plus contre lui, je poussais mon genou entre ses cuisses et entremêlait nos jambes, à la recherche de toujours plus de peau à peau. « Dans mon monde, j'aurais fini par me lever pour aller prendre une douche et je t'aurais proposé de te joindre à moi. Ici, je dois appeler des femmes de chambres pour qu'elles préparent de l'eau chaude et installe un bain dans ma chambre. La seule victoire que j'ai réussi à obtenir est qu'on me laisse tranquille jusqu'à ce que je les rappelle parce que je bloque au niveau de l'habillage et que j'ai besoin de personnel. Comment tu pourrais me sauver de cela ? Si je leur demande le bain, ils sauront forcément que tu es là et tu sais comment ça va finir. La rumeur va courir partout que la princesse à des relations sexuelles hors mariage avec le terrible Capitaine Crochet et ça finira par arriver aux oreilles de David... » Pas certain qu'il apprécie, bien évidemment... Je ne voulais même pas avoir à y être confronté.

J'aurais dû être terrorisé par lui. Ses choses qu'il me faisait ressentir, cet... amour que j'étais encore incapable d'énoncer publiquement, mais que je savais là, faisant battre mon cœur plus vite et voler les papillons dans mon estomac... J'aurais dû avoir peur, craindre qu'il ne soit comme les autres, appréhender le moment fatidique où il m'abandonnerait dans la pire situation et pourtant, je ne ressentais rien de tout cela, parce que pour moi, Killian était bien différent de tous autres. Je ne savais pas quand je saurais lui dire combien je l'aimais. Quand je serais capable de l'entendre me le dire sans avoir besoin de détourner la conversation. Mais je savais qu'il ne m'abandonnerait pas. Qu'il était là pour moi et pour longtemps...

Il me demanda s'il était seulement pas mal et je souris de plus belle, caressant sa hanche avec douceur. « Peut-être pas que ''seulement pas mal'' », soufflais-je avant de poser des petits baisers sur son torse.

J'étais tellement bien dans ses bras, tellement sereine. Cela ne m'était pas arrivé depuis si longtemps. Oh le monde était loin d'être parfait. La Forêt Enchantée m'était toujours étrangère, j'allais devoir remettre une de ses foutues robes dès que je sortirais de ce lit et j'étais destinée à devenir reine et non plus shérif, mais j'avais Killian et autant ici, qu'à Storybrooke, depuis Neverland, il était le Killian dont j'avais tant besoin. Il était mon roc, ma bouée de sauvetage, mon phare dans la tempête,... Personne d'autre que lui n'avait plus été le même depuis qu'ils étaient ici et c'était tout ce dont j'avais besoin... Et puis, soyons honnêtes, j'avais besoin de Killian pour tout ce qu'il était. L'homme inchangé depuis sa promesse de me faire chavirer, le pirate impertinent qui n'hésitait jamais à dire les choses qui pouvaient me remuer, l'homme qui m'aimait si déraisonnablement qu'il avait abandonné soif de vengeance et navire juste pour être un homme meilleur pour moi. Juste parce que je l'avais supplié de ne pas m'abandonner à mon triste sort...

Répondant à ma réflexion sur le bain et ses conséquences aux yeux du château, il répliqua que l'idée lui plaisait, mais qu'il était d'accord sur le fait que David ne serait pas heureux d'apprendre de la part d'une servante que sa fille avait des relations intimes avec le pirate. Qu'il avait déjà eu du mal à lui faire confiance. Et il proposa alors qu'on aille dans sa chambre, là où il n'y avait pas de serviteurs, là où il prenait son bain seul et où nous aurions toute la discrétion et l'intimité désiré et je grognais en me cachant contre son torse, soupirant fortement avant de relever la tête pour aller capturer ses lèvres en un tendre baiser. Je n'avais aucune envie de me cacher. Je n'avais aucune envie de LE cacher. J'avais mis du temps à accepter notre histoire, à le laisser entrer dans ma vie, mais maintenant que je l'avais fait, je ne cachais plus ma relation avec lui et je ne voulais pas le faire. « C'est pas juste. Tu es certainement un pirate » Qui aurait pu nier ça ? « Mais ça ne fait pas de toi un criminel... » Je réfléchis une seconde, avant de me mordre la lèvre et de lever les yeux au ciel. « Bon, d'accord ! C'est exactement ce que ça fait de toi... Mais tu n'es pas que ça. Tu n'es pas qu'un pirate. Les gens devraient le voir... » Était-ce vraiment moi qui parlais ? Était-ce vraiment moi qui osais dire tout haut que je détestais la manière dont ces gens jugeaient Killian sans le connaître vraiment ? Qui osait dire à mots couverts que j'étais fière d'être dans ses bras et que je ne voulais pas avoir à le cacher pour un jugement erroné de sa personne ? Oui, apparemment, c'était exactement ce que j'étais en train de faire.

Le réalisant, je me serrais un peu plus dans ses bras, reposant ma tête sur sa poitrine, autant pour éviter son regard alors que je parlais, que pour apprécier la sensation de son palpitant contre mon oreille. « Les gens devraient voir l'homme bon en toi, le héros. Ils devraient se sentir fier de partager un moment de ta vie, pas dénigrer le fait d'avoir croiser la route du Capitaine Crochet. » Je laissais passer une seconde, deux de silence, profitant simplement du corps de Killian contre le mien, du mouvement de sa cage thoracique contre mon oreille, au rythme de sa respiration. « Moi je sais la chance que j'ai... », soufflais-je sans bouger, essayant de rester aussi détendu sous l'aveux que je l'étais par sa simple étreinte. Me concentrant sur l'importance de l'étreinte, plus que celle de l'aveux.